Le nouveau riche
Je l'ai vu arriver. J'y croyais à peine. C'était presque lui en moi et moi en lui. Je m'explique. Je l'accueille sur un terrain familial, dans le golfe du Morbihan, un haut-lieu du prolétariat. Je suis en camping avec ma famille. Je suis habillé en Décathlon de la tête aux pieds pour lui faire plaisir, c'est son fournisseur de fringues attitré. Lui sort de son camion. Le choc. Môssieur se pointe en camping vêtu d'un jean tendance assorti d'une chemise très fashion rouge vif. La vache ! C'est plus le même. Il s'habille maintenant. Le seul mec que je connais qui fout deux T-shirt sous ses pulls, pardon ses sweat-shirt, maintenant, met des chemises et en camping. Chemise griffée, j'ai vu la marque sur sa manche. Quel choc ! Il s'est exilé visiblement pour pouvoir vivre à son goût et ça l'air d'être le goût du luxe. Lui qui pourfendait la bourgeoisie, le voilà qui suit ses codes, quel gros naze ! Il doit admirer Besson et consort, assurément.
Et ce fute... Putain de jeans bleu foncé, coupe droite. Pour un mec capable de passer une journée et même d'aller au marché en survêtement ! La rupture, quoi. Dans l'air du temps. Dire qu'il faut que je me le coltine pour un festoche mais ça va pas être possible, il va réclamer une chambre d'hôtel et s'acheter un pass VIP. Champagne et coke plutôt que bières et pétard. Monsieur le nouveau riche va avoir de nouvelles exigences. J'ose pas lui faire à bouffer, je me demande ce que ça bouffe, ces animaux-là. Au moins Janot44 ne sera plus le seul à bouffer du roquefort à 44 € le kilo, il se sentira moins seul. Seulement l'autre néo-riche ne prends pas de crédit Cetelem pour assumer ses goûts, là est la différence...
Bon ben tant pis, on fera avec, la virée "roots" sera une croisière "paillettes", je m'en fous, je m'adapte à tout... Mais quand même, une chemise !