Lutte de classe (Défi n°4 GrosGhislain)
_ Meunier ! Femelle du lièvre ?
_ La levrette, M'sieur !
Eclats de rire. 3h00 de colle. J'avais planté le décor.
Moi, le nouveau qui arrivait chez eux, j'étais maintenant chez moi. Moi, le dur, le loubard, qui préfère les jeans à la salopette et le cuir au costard, moi, qui a deux ans de retard, qui habite de l'autre côté du grand boulevard, là où même leurs parents ne vont plus de peur de se faire tailler en piécettes pour leur feuillelar, moi, je débarquais dans leur joli petit monde doré, ambiance Versailles plutôt que guinguette, où le champagne remplace la trouspinette.
Il m'a pas fallu longtemps pour devenir leur petit monarque à ces futurs ronds-de-cuir. Je les fascinais. Mon côté voyou, sûrement. L'incarnation de ce qu'ils ne seraient jamais. Les mecs me portaient aux nues. Quelques revues pornos pour agrémenter leurs branlettes avaient suffi pour les mettre à ma bottes. Faut dire qu'avec leur physique digne d'une blanquette, aucun espoir ne leur était permis ne serait-ce que pour décrocher un regard de leur consoeur. De toute façons leur attention était pour moi. Elles me suivaient où que j'aille, j'étais le vent, elles les girouettes. Du coup, un bon nombre sont tombées dans mon épuisette et les sous-sols de ce putain de lycée peuvent témoigner de nos pirouettes.
Un an passé parmi la progéniture de la crème de la crème de notre société. Un an de revanche. Un an à baiser leurs filles et à dévongonder leur fils. Un an pour faire exister les miens. Dérisoire.