Bovins

Naguère, le Général disait : "Les Français sont des veaux !".
Certes, cette assertion est quelque peu caricaturale et un rien méprisante. Mais l'homme était grand d'où cette certaine condescendance.
Pas particulièrement fan du Grand Charles, je dois bien me résoudre à admettre une certaine part de vérité dans ce bon mot qu'on lui attribue. J'étais, vendredi soir, à un petit festoche dans une petite commune jouxtant le Grand Rodès. Eklekzik qu'il s'appelle, le festoche. Et à Eklekzik on fait venir Général Elektriks. Les programmateurs sont les rois de l'allitération... Et ils ont eu la bonne idée, en plus, de ne pas programmer Caravan Palace le même soir, ce qui m'évitera de souiller mes oreilles avec cette electro jazz manouche...

Bref, j'ai donc acheté ma place dans la semaine, comme à l'accoutumée, car je suis plutôt prévoyant même si il y a peu de risque que ce soit complet. La seule fois que je me suis laissé convaincre de prendre une place le jour même, c'était par Stache à Corsept. Résultat un concert sur le parking à subir les moqueries des heureux détenteurs de billets. La sagesse du Stache qu'il se complait à vanter face à mon insouciance de branleur, venait de révéler sa vraie valeur : celle d'un pet.

Vous l'aurez compris,  j'ai pu assister au concert, vendredi, ce qui m'arrangeait car le parking n'avait rien de chaleureux. Au programme du rap local, du rap de Rennes et General Elektriks, pour qui je suis venu. Premier constat, j'ai vieilli. Je supporte plus le rap du moins quand il est basique. Fausse attitude à la con, propos moralisateur, instru de merde, du copier-coller de ricain, pas d'originalité jusque dans le nom (Calibre XII). Insupportable. Un truc aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Logiqument un groupe local qui passe en concert rameute tout son quartier, son posse, ses potes et sa famille, enfin sa mille-fa. Ben là , que dalle ! A peine soixante personnes à s'amasser devant la scène. Catastrophique... Et puis les injonctions "Vous êtes mous, là !" ça va un moment... T'as qu'à être bon on fera du bruit, tocard !

Bon ne nous attardons pas... Deuxième groupe, General Elektriks, programmation plutôt bizarre... Pourquoi en deuxième ? Y a des trucs, des fois, faudrait m'expliquer... D'entrée jeu ça change de style. Des instruments, déjà. Ensuite de la vraie sape, du slim, du t-shirt de hard, de la veste cintrée, de la chemise, des cravates, la classe... Pas de T-shirt de leur propre groupe.

Ca commence à jouer et je comprends très vite que le public ne connaît pas, enfin dans sa grande majorité... On arrive à être cent devant. Personne bouge, quasiment. Les gens discutent fort. C'est chiant... Des envies de baffes dans la gueule me chatouillent les mains. En revanche, sur scène, c'est un régal. Les mecs mouillent le maillot et prennent la situation en dérision. Heureusement y avait que ça à faire. Des déhanchés du bassistes aux pas de danse incroyables du clavier (leader du groupe), en passant par la virtuosité musicale de chacun, bref un pur moment. Du groove, de la chaleur, tout ce qui faut pour se dandiner langoureusement ou se laisser aller à des passes un peu plus funky...

Mais, hélas pour eux, ils jouaient devant des veaux qui, à l'instar leurs génitrices qui regardaient passer les trains dans les champs, usaient leurs yeux bovins à regarder jouer des musiciens...

Comments

[apc]

de Audiard (père) :

"Les Français m’agacent prodigieusement, mais comme je ne connais aucune langue étrangère, je suis bien obligé de parler avec eux."

[the only stache]

"pour les habits, rien ne vaut les neufs ; pour les amis, rien ne vaut les vieux..."