Stachy ça glisse...
Comme dit Grokorps Malade : Quoiqu'on fasse, le temps passe... Et le grand Léo de rajouter : "Avec le temps...".
Voilà une poétique entrée en matière, à faire chialer le Janot44. De ce temps, donc, je sens justement le temps passer, inexorablement. Rien à faire pour ralentir sa marche ou mieux rembobiner un peu le rouleau, histoire d'en profiter un peu plus... Enfin j'ai pas quarante ans et cela me laisse encore un peu d'optimisme quant à l'avenir. Enfin si la planète tient le coup assez longtemps pour que je puisse voir des cheveux blancs sur mon crâne.
Ah le temps qui passe... Parfois on se prend un choc... On prend dix ans en une seconde. On revoit un endroit, une personne et on se rend compte que la réalité ne colle plus avec les souvenirs, bref que du temps a passé et qu'on n'a rien vu...
Ainsi la semaine dernière je suis parti skier deux jours, avec Grokette, en camion. Ben ouais malgré mon statut de privilégié je ne peux que m'offrir deux jours et en camion, sans hébergement autre que le studio loué par la Stache Family, mais le temps d'un repas seulement, repas que j'ai dû payer de surcroît... Alors que certains prolétaires ont pu tester pendant 5 jours les jolis skis qu'ils ont reçu à Noël, comme tout bon prolétaire. Suivez mon regard... Enfin apparemment le ski l'épuise tellement qu'il ne peut plus finir une soirée après minuit...
Le ski, donc. J'avais eu l'occasion dans ma formation professionnelle de partir au ski avec le Stachy. J'en gardais une double image. D'abord celle d'un magnifique fuseau bleu clair tout droit sorti des seventies, qui moulait si bien ses jambes qu'à la fin du séjour j'aurais pu les dessiner de tête. En outre je me demandais comment il était humainement possible pour lesdites jambes de rentrer cet oripeau d'élasthane.
Ensuite je me souvenais du même homme sur des skis qui était à mes yeux l'incarnation d'une glisse aisée et distinguée, et même plutôt classe. Pour ma part, à cette époque, je testais la dureté de la roche avec ma tête et je peux vous que bien que friable le schiste, pris à pleine vitesse dans la gueule, c'est quand même relativement dur...
La semaine dernière fut l'occasion de constater que du temps avait passé. Premièrement le fuseau bleu avait dû rejoindre une quelconque décharge ou bien même, à l'heure où j'écris, alimenter un incirérateur car le brave Stachy avait revêtu de nouveaux habits de ski, essayant de prouver à ses semblables qu'il était "dans le coup" question mode vestimentaire... Besoin de se sentir jeune, peut-être...
Secondement, lorsque je le vis descendre les pistes, j'ai senti que quelque chose n'allait pas. Où était le Jean-CLaude Killy, le Alberto Tomba, le Herman Maïer que j'avais connu neuf ans auparavant ? Je ne sais pas mais il avait laissé place à un skieur pépère qui descend les pistes en bon père de famille, sans prise de risque, banalement. Si bien que, dès le deux jours, malgré mon style peu orthodoxe et un handicap de poids conséquent, j'étais capable de lui faire la nique et d'aller plus vite que lui, remplaçant son sourire condescendant par un rictus aigri...
Dans ma tête, un skieur hors norme, agile, intrépide. Sous mes yeux, un pantouflard au style convenu.
Entre les deux, neuf ans ont passé.