Entre les cons
Une Palme d'or en avant-première, chez moi (comprendre au sens géographique de l'expression), ça ne se manque pas. J'ai aimé le livre, alors pourquoi pas. Houellebecq n'est pas derrière la caméra, c'est Cantet, ça vaut mieux.
Le livre est brut, intense mais parfois teinté de désillusions, de découragement, de frustration surtout. Mais aussi d'espoir. On alterne. Les petites touches de l'un font oublier les grands à-plats des autres. Ces petites notes à peine audibles qui pourtant restent en mémoire. Je sais pas si un non-enseignant peut comprendre la rudesse de cette alternance de hauts et de bas, qui est pourtant le moteur de beaucoup d'entre nous. Je l'espère.
Les premières images illuminent le grand écran, les premiers dialogues et dès le début ça sonne juste. Le bon ton. Pas de misérabilisme, pas d'héroïsme, pas de merde en -isme, que de l'humain. C'est le mot que j'ai pu y accoler. Humain. Ce film est humain, sent l'humain, dégage de l'humain. C'est suffisamment rare pour être apprécié.
L'humain. L'humain c'est aussi ce qu'il y avait avec moi dans la salle. Que des gens biens, cultivés, en tout cas qui s'en donnent l'air. Il y avait aussi une rangée de "pétasses" lycéennes ou en BTS Force de vente ou un truc du genre. Des gens qui rient à gorges déployées des expressions ou des erreurs des jeunes encapuchés à l'écran. Des gens qui ne manqueront pas de les trouver insolents, stupides, incultes voire inhumains.
Des gens qui n'auront pas cessé de discuter entre eux pendant la séance, sauf quand ils avaient la bouche pleine de confiseries. Des gens qui n'auront pas cessé de ponctuer le film de leurs commentaires de post-adolescentes ou de critiques cinématographiques experts. Et puis ceux qui auront trouvé le lieu et le moment propice pour exposer leur thèse de sociologie de comptoir.
A l'écran, entre les murs, il y avait des humains. Dans la salle, entre les murs, il y avait des cons.