Dédain sous toutes les coutures

Dimanche soir, grande soirée électorale.
M'étant abstenu pour la première fois de ma vie, je décidai, pour expier ma faute, de regarder les émissions consacrées à l'évènement électoral de l'année 2008. Je n'avais de bouquet d'orties sous la main pour me flageller, je n'avais qu'un poste de télévision. Se torturer le dos ou l'encéphale, peu importait, je devais payer le prix de mon insouciance civique. (Bien après, je me ravisai sur le caractère fautif de mon acte. Où est la démocratie quand il n'y a qu'une seule liste ? Sur quels critères aurais-je pu rayer des noms de personnes que je ne connais pas ?)
Me voilà vautré, les yeux vitreux, devant mon poste pour assister à un déplorable spectacle. Je pus néanmoins réaliser qu'on pouvait réaliser une émission de plus de deux heures en la basant sur un scénario des plus simplistes. Des personnes de gauche qui parlent de vote sanction et des personnes de droite qui les contredisent en parlant de vote local. Voilà le synopsis de la soirée. Rien de plus. Si, pardon, de temps à autre, une intervention du MoDem, histoire de  faire croire qu'une nouvelle force politique est née.
Bien sûr, le vide des débats, me désola. Le plus exaspérant était l'arrogance et le dédain affichés par tous les membres du gouvernement plus ou moins certes, mais c'était une constante. Dans le discours, évidemment. Qualifier de "local" le vote des Français n'était pas innocent. S'il ne s'agit pas de nier cette singularité des municipales, il fallait comprendre qu'en martelant ce message, le gouvernement nous rappelait aussi : "Rien à branler que les villes passent à gauche, on continuera coûte que coûte, et ce, pendant encore quatre ans"... Il n'y a plus sourd que celui qui ne veut pas entendre...
Mais ce dédain, cette suprême arrogance, je constatai son paroxysme lorsque, échouant sur TF1, je vis mesdames Dati et Yade, sur le plateau. Contraste saisissant avec tous les autres invités. Certes tous étaient bien habillés, beau costard mais pas de chichis, classique. Quant aux deux faire-valoir du gouvernement, elles s'affichaient en tenue de haute couture. Du plus grand chic. Grand couturier, certainement. Deux tenues et tout était dit. Le tissu parlaient pour elles.
La rupture. Avec les autres du plateau. Avec la population. Vision d'un petit club d'amis qui sait qu'il restera en place, qui conservera les privilèges dus à la fonction, et qui le montre ostensiblement.
L'avenir de la France tenait, dimanche soir, dans ce nous envoyaient ces deux tenues. Deux tenues loin des soucis du peuple. Deux tenues sentant l'argent. Deux tenues méprisantes. Deux tenues...noires.