Saturday night in La Paret

Un soir un parent me file une enveloppe. A l'intérieur, une invitation. Le gars organise une soirée entre amis, entre gens qu'il aime bien. Je suis du lot. Etonnement mais j'apprécie.
La soirée c'était hier soir et vous vous doutez bien que j'y suis allé. Enfin je dis "soirée" mais ça commençait à midi. Un gros apéro puis un repas. Salade de gésier, fritons de canard, pâté, canards rôtis et aligot. Du vin évidemment pour tout faire couler. Bonne ambiance. Les passionnés regardaient Australie-Angleterre. J'ai découvert qu'on pouvait parler de rugby pendant toute une journée. Moi à part qu'une victoire serait cool pour les joueurs mais qu'une bonne branlée ferait du bien à Laporte, je peux rien dire d'autres. Les mecs, c'est des spécialistes. J'y pige que dalle.
Je suis avec un collègue, invité pour la première fois lui aussi. On se place dans une posture d'observateurs tout en bavardant avec les autres convives. L'observation en duo, un sport que je pratique habituellement avec un type au physique de talonneur. Aujourd'hui c'est plus un ailier qui m'accompagne.
L'après-repas est calme. Pétanque pour les uns. Sieste pour les autres. Discussions pour moi. Histoire de faire connaissance avec deux ou trois personnes. De voir que ma ganache commence à être connue dans le coin.
Je freine sur la bibine, je tiens à rentrer ce soir avec la voiture. J'ai déjà commencé par m'embourber en arrivant alors prudence. Et puis je sais que des parents d'élèves vont arriver, prudence encore. Je refuse de drôles de cigarettes. J'ai pas fait mon coming-out. C'est dur mais pas insurmontable.
Le monde arrive. Le match est retransmis sur écran géant. Un  apéro-concert qui se finira par l'Internationale. Puis place au sport. Je suis préposé au poële avec mon collègue. La grange devient vite un four. La tension monte. Seuls quelques réfractaires restent dehors pour discuter. Je décide d'hurler "Laporte ! Merde !" à chaque la tête de noeud apparait à l'écran. Allez voir Stacheman si vous pigez pas.
Je rate le début de la seconde période, je discute service public avec un mec des Impôts. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il a le profil pour plaire au Doctor Laze. CGTiste, fonctionnaire et aux impôts, trois tares à ses yeux. On entend gueuler de plus en plus fort dans la grange, on y retourne. Ce sont les minutes de feu du match. Tout le monde gueule. Même mon collègue. Et moi en outre.
Fin du match. Explosion. Et début de l'orgie. Les disques prennent le relai. Seule fausse note de la soirée. La musique. Génération trentenaire mais pas la daube de ces années. C'est déjà ça.
Les démarches se font moins droites. Le collègue et moi avons pas mal cogné un fût de bière. Plus les bouteilles avant. L'ambiance est bonne. Je cède à la tentation des roulés d'un dreadlock. Pour le goût. Le collègue aussi. Bon à savoir.
Bientôt 4h00. La fatigue se fait sentir. Je veux partir mais on annonce la soupe au fromage. Bon OK. La soupe au fromage et après j'y vais. Deux assiettes plus tard. Il ne reste plus que les "warriors" dont trois qui sont à donf' depuis le midi. Belle performance. C'est le soir des exploits sportifs.
Je regagne la voiture. Ne m'embourbe pas et repart chez moi.
Au final. Musique. Boules à facettes. Spots clignotants. Salle remplie de cadavres de bouteilles et de reste de bouffe. Gens qui dansent et gens qui rient et tous qui boivent. Une vraie boum...avec des vieux.