Qui c'est que tu "kill" ?

Bon, bon, bon. Voici quelques semaines que j'ai reçu en main propre (enfin propre, ça reste une expression...) un objet, enfin une œuvre dirait son créateur que la modestie n'étouffe pas.
L'œuvre en question ? Un disque.
L'auteur ? Stachy, le roi de la bacchante.
Eh oui, Stachy vient de sortir le nouvel opus de sa série de compil' ! Vous ne le saviez pas ? Ben comment ça se fait ? Un tel évènement... Je crie à la censure...

Après la série des "Of Love", Stachy déterre la hache de guerre et commence une nouvelle saga : les "Kill Grok". Je me demande combien de temps ça lui a pris pour trouver un truc aussi merdique, enfin bon. Passons. Au moins ses intentions sont claires. Le Stache veut ma peau. Par compil' interposée, pour le moment. On verra plus tard pour un affrontement à main nue. Peut-être après ce texte...

Par quel bout commencer ?

Le packaging.
Je ne peux malheureusement pas vous montrer la pochette. Remarquez c'est pas un mal vu sa laideur. Stachy, sous les traits d'une catcheuse nue, semble me saisir par le cou. Histoire de me trucider. La réalisation est plus que minable, j'ai même mis du temps à comprendre ce qui était représenté. Quant au thème, c'est désespérant. S'il s'enorgueillissait de figurer sur mon PQ et de servir à torcher mon postérieur, c'est carrément reconnaître ma supériorité que de vouloir m'assassiner !!! Bizarre ce type. En tout cas je le préfère en meuf...
Je reviendrai pas, par ailleurs, sur le pompage minable de ma mise en page : titre vertical en rouge sur fond noir... Tu t'es pas dis que ça ressemblait à quelque chose, gros faignant ?

La musique maintenant...
La sélection est plutôt bonne. De bons titres, il faut le reconnaître. Tout de même on peut apprécier que Stachy délaisse la pop merdique qu'il affectionnait tant au profit de morceaux plus inspirés par la Jamaïque ou le hip-hop. Pour un type qui n'aime pas le reggae, ça me fait doucement marrer de voir pas moins de quatre titres (sur les vingt-deux) dont la filiation avec ce style ne fait aucun doute (du rocksteady avec Sharon Jones au dancehall bogle avec Roots Manuva)...
La remarque peut valoir sur le rap puisqu'il semblerait que Stachy commence à supporter le phrasé rap. A ce train-là il va débarquer en jogging chez oim' la prochaine fois... Enfin ses choix ne sont pas encore convaincants (le Kid Cudi n'est vraiment pas une bonne idée...), le petit a encore du chemin à faire.
Pour l'ambiance générale, l'auteur prétend qu'elle incite à la contemplation. S'il parle de la contemplation du plafond d'une chambre d'hôpital dans un service de soins palliatifs, je lui accorde. Car, putain, une chose est sûre c'est qu'on frôle pas la crampe des zygomatiques à l'écoute la compil'. Ni une forte suée. Faut y mettre du sien pour bouger son cul. La vache !
Il faut attendre le septième morceau, et encore, pour avoir une légère envie de bouger la tête. Et encore c'est sur un Wax Tailor, une pâle copie d'Herbaliser. Mais le début est tellement lénifiant que notre exigence baisse. Et , ailleurs, dès qu'un début d'emballement pointe son nez, paf ! ça retombe comme un soufflet raté. Dommage. Pour faire bouger les quadras sur du Rita Mitsuko, y a du monde, mais pour un public plus exigent, c'est une autre histoire...
Néanmoins, la plupart des titres sont agréables, j'aurai presque pu les sélectionner. Quelques choix douteux : Kid Cudi, Birdy Nam Nam qui vieillit mal, Chinese man, Wax Taylor, qui ne n'atteignent pas des sommets. Le reste est plutôt pas mal même lorsqu'il s'éloigne de sentiers que j'emprunte habituellement. C'est la force de Stachy...
A noter, pour finir, un bon titre "fantôme" (en fait c'est la plage 23 parce qu'il s'est planté à mettre le repère...hi hi hi) et la présence d'un Pixies à la fin (fin qui sent le remplissage quand même...), pour rassurer les quadras certainement. Eh oui, à mon instar, Stachy met aussi des vieux morceaux, je me demande où il a pris cette idée...

La technique, maintenant.
Une chose saute aux yeux : le bon vieux Stachy n'est pas un technicien. Lui qui me reproche mes transitions au couteau, que dire de la plupart des siennes ? A la hache ! Au sabre ! A la machette !
La première partie coule toute seule mais alors dès que les morceaux ont un beat jusqu'à la fin, c'est la catastrophe. Stachy ne maîtrise pas. C'est flagrant. Tant qu'il y a de la nappe de synthé, no problem, un p'tit fondu enchainé et le tour est joué. Mais alors si le beat s'en mêle, c'est fini. Il a eu la bienveillance de ne pas parler de mix, c'est une preuve de grande lucidité. Car de mix, il n'est pas question avec ce collage de morceaux.

Au final.
Une bonne compil' dont la créativité montre ses limites face à une technique insuffisante.
Kill Grok ? Hein ?
Ben à l'écoute j'ai de beaux jours devant moi...

GROK 'S BALSAC UNDERMIX WILL NEVER DIE !!!

NUMBER ELEVEN COMING SOON !!!