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Convoiturage.fr
Retour de vacances. Je décide de faire un geste pour la planète et pour mon porte-monnaie. Enfin ces derniers jours en Bretagne m'ont pas trop coûté. Je me suis fait rincé par Stachy, j'ai juste payé du muscadet par politesse et puis j'ai économisé une place de concert. Vous verrez comment.
Bref, j'opte pour le covoiturage. C'est aussi parce que j'ai dû, non sans mal ni sans appréhension, laisser le camion à Grokette. N'importe quoi, quand j'y repense. Un camion c'est comme une bite ça se prête pas. Janot a bien essayé de refourguer le sien mais, lui, personne n'en veut. Covoiturage donc. Je m'inscris et repère une jeunette qui faisait le bon trajet à la bonne date. J'aurais juste le dernier bout à faire en train et en car (voie en réparation). Impec'.
Lundi matin. J'attends en face la gare. Un type aussi attend dans une bagnole. Je pense que c'est le deuxième passager. Elle m'avait averti par téléphone. De toutes façons j'avais de plan cul en tête donc rien à branler d'être tout seul ou pas. On se fait les salutations d'usage. Et après avoir chargé nos affaires, elle s'excuse de la saleté de son véhicule. Week-end en festoche, ça pardonne pas.
Où ça ?
_ A corsept.
_ Ah moi aussi ! mais sur le parking seulement...
Bon on monte et on démarre. L'autre nous dit que ça faisait 4 années qu'il y allait mais que cette année la prog' ne lui plaisait. Moi je dis à l'ex-festavalière et actuelle conductrice que je suis dégoûté d'avoir raté Didier Super même si ce soir-là j'ai plumé deux nazes au poker, maigre consolation. J'ai pas si le Réunionnais a avalé le brelan d'as avant de rejoindre son île. Bien fait pour ta gueule. Toi aussi Janot, mais toi, tu m'as payé...
Bref on parle de Didier. Elle avoue pas être une fan mais s'être bien marré(e?).
Première intervention du con de l'arrière : "Didier Super c'est pas un musicien"
J'hésite à lui en coller une, direct, et lui faire bouffer ses lunettes. Mais je tente un timide "Pas d'accord. Pour jouer faux comme ça, faut être un zicos". L'autre : "Non justement pour faire de la musique faut d'abord jouer faux puis ensuite on joue juste."
OK, pépère, on n'est pas sorti de Nantes tu me casses déjà les couilles. Tu risques de te retrouver sur une aire d'autoroute, attaché à un lampadaire et, si t'es chanceux, avec un ou deux chiens pour te tenir compagnie...
"Nan, je respecte son truc, c'est un artiste en quelque sorte mais pas un musicien. De toutes façons j'accroche pas à son truc"
Bon j'laisse tomber, ça sert à rien de niquer le voyage par une vaine controverse, il reste 6 heures de route. Après tout les goûts et les couleurs...
Grave erreur de jugement...
Le naze a interprété mon refus de polémique comme un blanc seing. Et nous avons eu droit le temps restant à l'autobiographie (je ne connais pas le terme quand cela se fait à l'oral) du trou du cul salissant la banquette arrière. Le tout magnifiquement orchestré, comme une visite d'usine de Président.
Depuis ses goûts musicaux, avec évidemment des groupes formidables que personne ne connaît encore, à son cursus universitaire, d'ailleurs à "Master en management" son sort était définitivement scellé, son nouveau choix de vie (eh oui Môssieur se lance dans le théâtre qui est, depuis ses 9 ans, son unique raison de vivre), ses voyages, ses aventures, ses lectures, bon, vous avez compris, on a eu le droit au grand déballage...
De temps en temps, par politesse, il a daigné s'intéresser à nos vies misérables. D'ailleurs j'aurais dû mentir car lorsque je lui ai appris ma profession, on en a eu pour une 3/4 heures de ses théories sur l'éducation, fortes, il est vrai, d'une expérience de quinze jours...
Le tout plein d'emphase, navrant étalage de la pseudo érudition du type qui se croit intéressant. Moi, j'étais en mode "Ta gueule". Seule défense valable dans ces cas-là. Faire défiler dans sa tête un petit bandeau avec "Ta gueule Ta gueule Ta gueule Ta gueule..." écrit dessus. Remarquez ça doit finir par vous imprimer un rictus désagréable sur le faciès parce qu'à un moment je me suis aperçu qu'il ne s'adressait plus qu'à la conductrice...
Bon arrivons au meilleur. Le gaillard est fou de théâtre, d'ailleurs il se rend à Montpellier pour une audition (qu'il a foirée, j'espère). Et après un des rares silence, il se permet : "Je peux vous lire un texte ?". A-t-on le choix ? Et le voilà qui s'élance à lire son truc (pas inintéressant le texte, faut avouer) mais en en faisant des tonnes sur les intonations, les silences, les respirations. Bref aussi modeste qu'un militant UMP le soir du 7 mai 2008. Je te lui aurai fait bouffé son bouquin à la con, ça lui aurait fait un motif pour fermer sa gueule.
Le type, ensuite, nous raconte son année passée à Paris. Entre deux grands moments d'émotion artistique (je ne peux pas vous raconter mais c'est à se pisser dessus...), il a souffert, le chéri. Ben oui les Parisiens ne sont pas sympas, en soirée, ils ne parlent que de leur petites personnes... T'as raison, mon vieux, c'est insupportable ! Mais t'as bien pris le pli. T'as été frustré pendant un an de ne pouvoir convaincre personne que ta plate vie était géniale et maintenant tu brises les couilles du premier quidam qui te tend l'oreille. Pauvre merde. Si personne t'écoutait c'est peut-être que t'es chiant quand tu parles ? Non, tu crois pas ?
Bon, on va clore. Je lui fais beaucoup d'honneur avec un article aussi long. Mais 6h00 avec ce tocard, quelle épreuve. Elle aurait pu être supportable si Mister Nombril avait consenti à faire tourner les pétards qu'il s'est roulés pendant le trajet.
Bavard et radin.
Pauvre type.
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