Jamais le Schizo freine...
Bon j'avoue comme 15 millions de cons hier soir, j'ai regardé le match... Je ne sais pas si c'est "socialobobo" mais en tout cas je suis pleinement conscient que ce genre de spectacle fait vibrer, en moi, une petite corde chauvine que je ne me décide pas à rompre. J'aime bien regarder, c'est comme ça, point à la ligne, pour faire dans le fatalisme le plus primaire.
Pourtant j'ai du mal à adhérer à tout le reste. La liesse nationale dans laquelle je ne me reconnais pas, la lettre de Mocquet, les poulets égorgés à la main pendant le stage commando préparatoire (véridique !!!), le défilé des ministres à Marcoussis, Bernard Laporte, Bernard Laporte et Bernard Laporte. Mais je regarde. Et pire : je suis content quand la France gagne. Là où ça me rassure c'est que cela ne me donne pas envie d'acheter du jambon Madrange, des contrats d'assurance, de changer mon portable ou d'équiper mon salon d'un écran de 5 m². Non. Je dissocie. Enfin je me rassure et me trouve des excuses au fait de me retrouver sur mon canapé, une bière à la main, à regarder quinze bovins se rentrer dans le chou pour un faux bout de vessie de porc soigneusement cousu par les dix petits doigts d'un enfant pakistanais contre la modique somme de 0,50 € par jour.
Des excuses, donc. Il m'en faut pas mal pour justifier mon comportement au regard de mes opinions. Je regarde une compétition qui sert de vitrine au gouvernement actuel et au (petit) chef de l'État. Je dois faire tellement de contorsions que je vais finir maître yogi ou as de l'autosodomie... Pardon pour l'image. Mais jusque là j'arrivais à me rassurer, à trouver que le ver UMP n'avait pas complètement rongé le fruit Rugby.
Mais hier soir j'ai compris. Les personnalités de droite dans les tribunes. Le (petit) chef de l'État dans les tribunes. Et puis, après le match, Polnareff en fond musical, comme une goutte d'eau dans un vase trop plein. La joie qui suivit la victoire fut courte pour moi. Le temps d'un lancement de disque. Le temps qu'on estampille cette victoire d'un beau tampon "SARKOZY". La schizophrénie du rugbyman de gauche...