Matin

29 novembre 2006

L'homme se lève. Cheveux ébouriffés, une partie en l'air, l'autre devant les yeux. Il se traîne jusqu'à la cuisine. Envoie tout valser sur son passage, le chat, les miettes sur la table, l'éponge restée là la veille. Ce matin il est pas d'humeur. Existe-t-il des matins où il l'est ? Je ne pense pas.
Il se prépare un café. Le temps que celui-ci se fasse, il enfile un pantalon, un blouson et sort. Il n'y a plus de pain. Il s'est vaguement coiffé aussi. Il faut avoir l'air de quelque chose, c'est la raison pour laquelle il a choisi un pantalon et pas un survêtement. Pas pour lui. Mange pas de ce pain-là.
Dans la rue il croise son voisin et ne lui dit pas bonjour mais le raille dans sa barbe. Pas trop fort, il pourrait entendre. De toutes façons un molosse dissuade de toutes blagues. Il achète son pain. Pas de croissant, il est au régime. Il prolonge son chemin jusqu'au marchand de presse. Il achète le quotidien sportif de référence et le magazine branché du ballon rond. Il aime le mélange des genres.
Rentré chez lui, il boit son café après avoir latté une nouvelle fois son chat d'un coup de pied au cul. Il parcourt, d'abord, lit ensuite, puis analyse son quotidien, tout en sirotant son café. Il regrette son expresso mais sa machine ne lui fabrique plus qu'une soupe dégueulasse qui ne sert qu'à le mettre plus en rogne. Retour au filtre donc.
En une du quotidien, un footballeur distingué par la presse européenne. Pour l'homme ces cons de journaleux n'ont pas choisi le bon. Ca le débecte, il préférait l'autre, plus méritant à ses yeux. Son analyse est interrompue par un besoin naturel et soudain. Vider ses intestins. Il y va. Sans journal, la déception est trop grande, et puis il restera bien un exemplaire de magazine musical à côté du trône. Toujours le mélange des genres.
Soulagé, il s'installe devant son écran d'ordinateur. Il consulte ses mails, rien de neuf. Si, un nouveau message sur un blog qu'il fréquente régulièrement. Un truc fourre-tout inégal, parfois drôle, souvent pas. Enfin il aime bien. Il clique sur le lien et découvre l'horreur. On y parle encore de ce footballeur sans talent. Il concentre sa rage puis laisse un commentaire bileux, non sans humour, comme à son habitude.
Enfin l'homme est heureux et déchargé de sa haine. Il peut aller dans son jardin, observer les petits oiseaux, contempler les couleurs de l'automne et caresser son chat.

Posté par Grok à 10:52 - Commentaires […] - Permalien [#]